• Le loup dans le folklore - texte soutenance ( TPE )

    J'avais déjà posté le texte et la vidéo de notre production de TPE, à dolphin42 et moi. Mais un TPE ( Travaux Personnels Encadrés, épreuve comptant pour le Bac ), c'est en deux parties. La production ( vidéo, dossier . . . donné aux professeurs ) et la soutenance ( présentée devant les professeurs lors d'un oral ). L'importance et la durée de chacune des deux partie peut varier selon la filière. Pour nous, en L ( Littéraire ), c'est entre 10 et 15 minutes pour une production vidéo et 20-25 minutes de soutenance ( comprenant la présentation de notre soutenance elle-même et des questions posés par les professeurs sur notre sujet ). Nous avons passé notre oral le 16 mars et aurons les résultats en juillet.

    Voici le texte de notre soutenance, sous forme d'interview. Le A, en vert, c'est dolphin42, le H, en rouge, c'est moi. Si la production a été fait en commun, le texte et la mise en scène de la soutenance sont en revanche presque uniquement de moi. Mon amie dolphin42 a des idées, mais sait mal formuler.

     

    Contexte : Soirée spéciale sur la chaîne France 9 «  Le loup, entre mythe et réalité ».

                      2 parties : «  D’hier à aujourd’hui, le loup », interview de 2 spécialistes ; « La légende des loups », documentaire

    Première partie : L’historienne ( l’historienne : A ; la journaliste : H )

    H tournée vers les camérasChers téléspectateurs, chères téléspectatrices, bonsoir. Bienvenue sur France 9 pour cette soirée spéciale consacrée aux loups. En première partie de soirée, nous aurons l’honneur d’accueillir deux spécialistes qui nous parleront des loups. Vous retrouverez ensuite un documentaire consacrée à ce thème

    H va s’asseoir

     H – Mais tout de suite, accueillons Ludivine Robert, historienne spécialiste du Moyen-Age et de ses superstitions. Mme Robert, bonsoir.

    A entre et s’assoit sur un signe de H

    A d’un ton calme, poséBonsoir

    H – Mme Robert, qu’est ce qui vous a donné envie d’étudier la place qu’occupe le loup dans le folklore ?

    A – Le loup est un animal très emblématique. Tout d’abord, c’est l’un des animaux les plus présents dans nos légendes. Au Moyen-Age, il incarnait le plus souvent le Mal et déchaînait de vives réactions à chacune de ses apparitions.

    H – Vous dites que le loup représentait le Mal. Pourquoi cela ? Quelle est l’origine de cette croyance ?

    A – Elle tire son origine de la Bible. En effet, pour les chrétiens, le Christ est symbolisé par un agneau. Et quelles est l’antithèse de l’agneau ? Son pire ennemi ?

     H – Le loup ?

    A – Evidemment ! D’où une assimilation du loup au Mal, au Diable.

    H – C’est donc là l’origine de la diabolisation de ce prédateur. A propos, la peur du loup...

    A – Elle est très ancrée dans notre culture, en France plus qu’ailleurs.

    H – Et pourquoi plus en France qu’en . . . Allemagne par exemple ?

    A – Cela vient probablement de toutes les histoires de « bêtes » qu’ils y’a dans notre pays, et qui sont plus rares chez nos voisins européens. Mais aussi à la rage qui, à une époque, a fait que des loups attaquaient les humains. En outre, les loups étaient plus nombreux qu’aujourd’hui et la prédation sur le bétail plus importante. Rappelons que l’élevage était à l’époque la seule ressource de bien des gens, et le loup représentait l’ennemi public n°1.

    H – Mais . . . cela n’explique pas complètement la psychose !


    A – Le loup était considéré comme la bête du Diable. Etre victime des loups, c’était être victime des forces du Mal. Les gens étaient très superstitieux au Moyen-Age, et la religion omniprésente.

    H – Sinon, vous avez dernièrement sorti un livre, « La Bête du Gévaudan, l’Histoire d’un mythe ». Pourquoi avoir choisi ce sujet.

    A – J’avais envie d’enquêter sur cette affaire, probablement l’une des plus importantes du 18ème siècle. Je voulais démêler le vrai du faux à propos de ce mythe et enfin, dévoiler à mes lecteurs la réalité sur cette histoire.

    H – Et pourquoi avoir mis « Histoire » avec un grand « H » ?

    A – Parce cela me paraissait mieux pour souligner l’importance de ce mythe.

    H – Pourriez-vous nous résumer les faits ?

    A – Les premières victimes de la Bête furent une bergère et une adolescente de 14ans, au printemps de l’an 1764. Premiers meurtres d’une longue série ! Durant 3 ans, entre 1764 et 1767, plus de 100 personnes furent tuées, uniquement des femmes et des enfants.

    H – Quelles étaient les circonstances de ces meurtres ?

    A – Les circonstances en étaient souvent très étranges. Certes, au premier abord, on constatait le plus souvent que les victimes avaient été tuées par un animal. Mais certains détails étaient troublants.

    H – Où exactement se sont déroulé les faits ?

    A – Les faits se passaient bien sûr dans le Gévaudan, en Lozère, mais pas seulement ! On a aussi aperçu à certains moment la Bête, décrite à l’époque comme un énorme loup, en Ardèche, en Haute-Loire et dans le Cantal.

    H – Mais pourquoi donc s’est-elle autant déplacé, cette Bête ?

    A – C’est que le roi Louis XV avait fini par envoyer des soldats à ses trousses. La Bête du Gévaudan avait engendré une véritable psychose dans la région, et cela risquait de dégénérer. Il fallait donc intervenir. Mais la Bête leur a échappé !

    H avec une exclamation d’inquiétudeEt . . . et ensuite ?

    A – En septembre 1765, un envoyé du roi, François Antoine, dirige plusieurs battues pour essayer de se débarrasser de la Bête et finit par tuer un gros loup qu’il ramène à Versailles pour preuve de son exploit.

    H soucieuseOui, mais vous nous disiez que les meurtres ont continué jusqu’en 1767, c’est à dire pendant encore 2 ans. Ce loup n’était donc pas la Bête du Gévaudan . . .

    A – Eh non ! Les meurtres ont rapidement repris, toujours aussi sanglants. A l’époque, certains ont prétendu que la battue menée par François Antoine avait été montée de toutes pièces. Le mystère restait complet quant à l’identité de la Bête, même si l’on continuait à l’assimiler à un loup.

    H – Pourtant ils ont fini par s’arrêter, ces meurtres.

    A – En effet, la Bête du Gévaudan a été tuée le 29 juin 1767 par un homme assez étrange, du nom de Jean Chastel. L’animal s’est avancé, semble-t-il confiant, vers lui, et Chastel l’a abattu d’une balle en plein cœur. Par la suite, les gens ont pu dormir en paix.

    H – Vous ne nous avait pas dit ce qu’était la Bête.

    A – Il existe plusieurs hypothèses à ce sujet. Enfin existaient, puisque des scientifiques ont pu élucider ce mystère.

    H – Pourriez-vous nous en décrire quelques-unes, de ces hypothèses ?

    A – Bien sûr. La principale, pendant longtemps, a été la thèse du loup-garou. Un très vieux mythe que celui du lycanthrope . . .

    H – D’où vient-il ?

    A – On commence à parler de lycanthropes dans la mythologie grecque, avec l’histoire du roi d’Arcadie, Lycaon ( ce qui signifie « loup » en grec )n changé en loup pour avoir servi et mangé de la chair humaine à un festin.

    H avec une grimace dégoûtée Sinistre !instant de réflexion Je croyais que les loups-garous étaient liés à la pleine Lune . . .

    A – Cette croyance est beaucoup plus récente. Elle date du Moyen-Age. On racontait que certains hommes se transformaient en loups lorsqu’ils étaient exposés à la lumière de la pleine Lune. Mais il y avait d’autres façons de devenir loup, et pas seulement les nuits de pleine Lune.

    H – Quelles étaient-elles ?

    A – Manger de la chair humaine, principalement. Mais, selon les légendes, s’enduire d’un onguent spécial, à base de graisse de loup selon certains dires, ou se recouvrir d’une peau de loup après s’être débarrassé de ses vêtements, pouvait fonctionner.

    H – Des manières multiples et variées donc. Mais, avant cela, il fallait déjà être loup-garou.

    A – ou sorcière.

    H – Comment devenait-on loup-garou ?

    A – Là aussi les moyens sont divers. Presque chaque légende apporte une nuance différente. Le cas le plus fréquent est celui d’une malédiction ou d’un pacte avec le Diable. Le malheureux, victime du maléfice, prenait alors la nuit la forme d’un loup, animal diabolique.

    H – Et se faire mordre par un loup-garou ?

    A – Oui, aussi. C’est toutefois plus rare, et cette version assez récente. On pouvais aussi naître loup-garou.

    H – Maudit dès la naissance ?

    A – C’est exact. On disait à l’époque les loups-garous partout ! Chaque région a ses légendes les concernant. Même ma ville natale, Châteaubriant, a la sienne ; celle de Brasdane le garou.

    H – A quoi pouvait-on reconnaître ces loups-garous ?

    A – Oh, à de très nombreux signes ! Quelqu’un ayant des canines anormalement pointues, par exemple, ou encore d’épais sourcils qui se rejoignent. Tous de potentiels loups-garous. On racontait également que si le lycanthrope était blessé sous son apparence lupine, les blessures se retrouvaient sous sa forme humaine. C’est comme cela que, selon la légende de par chez moi, le fermier Thénerel a pu identifier puis tuer le loup-garou Brasdane qui le tourmentait depuis des années. Selon une autre croyance, si en incisant la peau on trouvait en dessous de la fourrure, on avait aussi affaire à un loup-garou.

    H surpriseDe la fourrure sous la peau ! Etrange ! Et pourquoi donc ?

    A – On pensait qu’un loup-garou n’avait qu’à retourner sa peau pour prendre sa forme animale.

    H – Tout cela me semble bien compliqué.

    A – En effet, le mythe du loup-garou est très complexe.

    H – Notre Bête du Gévaudan n’était donc pas un loup-garou, puisque tout cela relève de la légende et des superstitions populaires.

    A – Non, ce n’en était pas un.

    H – Une deuxième hypothèse, peut être ?

    A – On a aussi soupçonné un meneur de loups.

    H – Je n’avais jamais entendu ce terme auparavant. Qu’est ce qu’un meneur de loups ?

    A – Cette légende est endémique à la France, et plus particulièrement à la région qui nous intéresse. Un meneur de loups est, d’après les histoires, un homme maître d’une meute de loups.

    H – Comment est ce possible ? Les loups sont des animaux sauvages, ils n’obéissent pas au doigt et à l’œil !

    A – Les meneurs de loups ont passé un pacte avec le Diable ! Tel Thibault le sabotier, héros du roman Le meneur de loups, d’Alexandre Dumas, qui y conclut un marché avec un grand loup noir ( le Diable en personne ).

    H – Que font les meneurs de loups ?

    A – Leurs loups chassent pour eux, les protègent, servent leurs fins. Souvent, ils terrorisent les villageois. Et gare à celui qui est dehors à al tombée de la nuit ! Il devra payer un impôt au meneur de loups et à ses bêtes, en nourriture le plus souvent, sous peine sinon d’être dévoré par la meute.

    H – Leur image est très négative.

    A – Comme pour tout ce qui est lié au loup dans le folklore, en général. Dans les contes, n’a-t-il pas toujours le rôle du méchant qui mange petits chaperons rouges et autres victimes innocentes ?

    H – C’est vrai. Mais revenons à notre Bête du Gévaudan. Qu’était-elle exactement ?

    A faisant durer le suspensNi un loup, ni quelque monstre mythique !

    H – Quoi donc alors ?

    A – Un chien-loup, croisement de mâtin et de loup. J’ai eu l’occasion d’étudier ses ossements au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

    H – Elle avait donc un maître.

    A – Oui. Probablement Jean Chastel.

    H – L’homme qui l’a tuée . . . Tout ceci est très intéressant !

    A – En effet !

    H – Et bien, Mme Robert, merci de nous avoir fait partager vos connaissances ce soir. C’était passionnant.

    A sourianteDe rien ; et de toute façon cela fait de la publicité pour mon livre.

    H – Au revoir.

    A – Au revoir.

    A se lève et sort

    H – Maintenant, une petite page de pub puis nous accueilleront notre 2ème invitée de la soirée. A tout de suite !

    Deuxième partie : La biologiste ( la biologiste : H ; la journaliste : A )


    A assise, tournée vers les caméras : Vous voilà de retour sur le plateau de « D’hier à aujourd’hui, le loup ». Excusez ma collègue, elle a eu quelques petits soucis avec les histoires de loups-garous de notre précédente invitée.

    Expression amusée ; courte pause

    A – Voici donc maintenant notre 2ème invitée de la soirée, biologiste  qui étudie les loups de Yellowstone depuis 12 ans. Accueillez bien chaleureusement Lena Green ! Mademoiselle Green, bonsoir.

    H entre et s’assoit en face de A

    H – Good evening !

    A – Excusez moi, serait-il possible de parler français ?

    H – Oh, sor . . . euh, escuse . . .  euh, désolée. Je peux parler français.

    A – Pourriez-vous nous parler de votre travail ?

    H – Heum, Yes. Je travaille à Yellowstone depuis, euh . . . nineteen . . .  , euh, no. Comment on dit en français déjà . . . 1998 ! J’aime beaucoup les loups ! La meute de Druid Pic est passionnante à étudier. C’est une des plus grandes meutes de loups des Etats-Unis.

    A – Combien de loups comporte cette meute ?

    H – 30 wolves. 30 loups.

    A – Et . . . euh . . . vous les connaissez tous ?

    H – Naturally ! Mes préférés sont 21 et 42.

    A – Mais pourquoi  vous les appelez avec des numéros et non par des prénoms normaux ?

    H – C’est plus simple pour les identifier. Oh ! 42 on l’appelle aussi « Cendrillon » et sa sœur 41 c’était « la dame de fer ».

    A – Pourquoi « c’était » ?

    H – Sa sœur 42 l’a tuée pour devenir la louve alpha.

    A – Pourquoi ce terme de « alpha » ?

    H – Le terme « alpha » désigne le couple dominant dans une meute de loups. Leur second est appelé le loup « bêta » et le loup situé tout en bas de la hiérarchie est le loup « oméga ». Les autres n’ont pas de, euh . . . dénomination particulière.

    A – Et, ces loups n’attaque pas les troupeaux ?

    H – Parfois, mais ils préfèrent les cerfs et les élans. Sometimes buffalo, les bisons.

    A – Les chasseurs n’ont pas le droit de les tuer, je suppose.

    H – Bien sûr que non ! Le loup est une espèce protégée ! On ne l’a pas réintroduit pour le faire disparaître une nouvelle fois !

    A – Depuis quand ?

    H sur la défensiveDepuis 1996, date où le loup fut de retour in the American Lands, in Yellowstone.

    A – Mais pourquoi le loup est-il une espèce protégée ? ! Car il a fait beaucoup de dégât au Moyen-Age et il a massacré de nombreux troupeaux et . . .

    H coupant la parole à ATout cela est injustifié !!! Le loup n’est pas un serial killer ! Il tue seulement pour se nourrire.

    A – Mais il paraît qu’au Moyen-Age . . .

    H coupant la parole à AAu Moyen-Age le loup était diabolisé ! Seuls les loups enragés attaquaient les gens !

    A – Mais la Bête du Gévaudan pourtant . . .

    H commençant à vraiment s’énerverL’historienne de tout à l’heure a dit que ce n’était pas un loup !

    A – Mais . . .

    H – Vous n’aimez pas les loups.

    A abasourdie. . .

    H se lève, pose les mains à plat sur la table, le regard noir

    H d’un ton durIf you hate wolves, Why do you present a TV show about wolves ?

    H s’en va en claquant la porte

    A tendueExcusez nous de ce contretemps. . .

    On entend un hurlement de loup. Inquiète, A regarde autour d’elle.

    A dit rapidement : Maintenant, retrouvez votre documentaire, « La légende des loups ». Bonne fin de soirée sur France 9 !

    A s’en va précipitamment.

    Partie 3 : Après la diffusion du documentaire ( la journaliste : H ) ; non présenté aux professeurs pour raison de durée

    H entre sur le plateau et se tourne vers les caméras. On reconnaît la première journaliste, qui avait fait l'interview de l'historienne.

    H - Nous voici donc arrivés au terme de cette soirée consacrée au loup. Certes, il y a eu un incident avec ma collègue et notre invitée biologiste. Veuillez nous en excuser. Le documentaire que nous venons de diffuser, "La légende des loups", a brièvement rapporté le problème du loup aujourd'hui en France. Ce qui s'est passé en première partie de soirée l'illustre bien. Ma collègue n'apprécie pas les loups et réagit comme nombre de nos concitoyens. Pas tous heureusement. En France, on ne voit pas d'abord l'animal intelligent, sociable, qu'est le loup. Nos ancêtres de la préhistoire le respectaient pour son sens de la famille si proche du notre. En Egypte ancienne, le dieu-loup Oupouaout était un guide, un protecteur. Le loup n'est pas assoiffé de sang, la nature l'a juste fait carnivore. Mais on ne le voit pas. Ce qu'on voit, ce sont els loups diaboliques des légendes, les lycanthropes sanguinaires, la Bête du Gévaudan et sa centaine de victimes, les grands méchants loups dévoreurs d'enfants des contes. Pas l'animal réel. Le loup ne mérite pas tant de haine. Bonsoir.

    H sort, les lumières s'éteignent.


  • Commentaires

    1
    Kakksi
    Jeudi 3 Mars 2011 à 21:26
    Je me suis simplement régalée à lire votre travail!
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